- Marine Ernoult / Initiative de journalisme local - APF – Atlantique
Avec les emplois d’été, «de nombreux étudiants mettent de l’argent de côté pour payer leur loyer, leurs frais de scolarité, les dépenses de la vie courante pendant l’année scolaire», observe Karla Cabrera, vice-présidente de la fédération étudiante du Holland College. (Photo : Gracieuseté)
Alors que l’incertitude est encore grande dans le secteur de la restauration et du tourisme, les étudiants de l’Île-du-Prince-Édouard naviguent à vue pour leurs emplois d’été. Gouvernements provincial et fédéral multiplient les mesures pour leur venir en aide.
Katie*, 20 ans, pense sérieusement à cet été. Pas pour les vacances, mais pour les emplois que cette étudiante à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (UPEI) va ou non pouvoir trouver. L’an dernier, elle travaillait dans une station-service et faisait des ménages. Elle avait gardé certains de ces emplois toute l’année. «Mes parents gagnent correctement leur vie, mais ce n’est pas pour autant qu’ils me payent tout», raconte la jeune fille. En cette année hors-norme, «les perspectives se sont un peu évaporées», s’inquiète-t-elle. «Les entreprises risquent d’être fermées, et même si elles sont ouvertes, la charge de travail ne sera peut-être pas suffisante pour justifier l'embauche de personnes supplémentaires.»
Les emplois d’été sont un enjeu important pour les étudiants. Si, pour ceux issus de milieux aisés, l’emploi estival est surtout synonyme d’argent de poche, ceux qui ont des moyens plus modestes n’ont pas le choix. «En quelques mois, de nombreux étudiants mettent de l’argent de côté pour payer leur loyer, leurs frais de scolarité, les dépenses de la vie courante pendant l’année scolaire», observe Karla Cabrera, vice-présidente de la fédération étudiante du Holland College. «C’est aussi un moyen de gagner de l’expérience et des compétences pour plus tard.»
1 000 emplois pour les étudiants
La crise que nous traversons peut-elle remettre en cause certains choix et parcours d’étude? Le 14 avril dernier, le ministre de l’Éducation, Brad Trivers, a reconnu l’inquiétude des étudiants: «Ils se demandent s’ils pourront payer leurs dépenses et rester dans leurs programmes universitaires».
Chez les principaux pourvoyeurs d’emplois saisonniers, l’incertitude est encore grande. Hôtellerie, restauration, campings, musées, «nous ne savons tout simplement pas si ces secteurs fonctionneront comme d'habitude», admettait en avril Jamie Fox, ministre des Pêches et des Communautés. À UPEI, Kylah Hennessey reste optimiste : «Les étudiants ont toujours des entrevues d’embauche, ils trouvent des emplois», assure la conseillère en orientation qui organise des ateliers en ligne sur les techniques de recherche d’emploi. «Ils sont confiants et planifient toujours de retourner à l’université la rentrée prochaine.»
Pour répondre à l’angoisse des étudiants, le gouvernement provincial a annoncé environ 1 000 emplois supplémentaires. Le programme d'emploi postsecondaire de Skills PEI est élargi avec 320 postes de plus, que ce soit dans les collectivités publiques, les organisations environnementales ou de bienfaisance, ou encore dans les entreprises du secteur privé qui ont besoin de main-d'œuvre.
Neuf milliards de dollars du fédéral
Le ministère des Pêches soutient également l'embauche de 250 étudiants dans le domaine des produits de la mer par le biais du programme Team Seafood. «Ces mesures sont un énorme soulagement», affirme Karla Cabrera qui reste vigilante quant à leur application. «Nous voulons savoir comment nous pourrons payer nos frais universitaires si nous ne pouvons pas travailler cet été», souligne la responsable de la fédération étudiante du Holland College. Pour cet été, Katie a épluché les sites d’emplois Work PEI, Youth Employment et Team Seafood. Même les petits boulots, dit-elle : «Je les trouve souvent par le bouche-à-oreille».
De son côté, Ottawa a annoncé neuf milliards de dollars d’aide pour ceux qui passent à travers les mailles du filet. Les étudiants auront droit à 1 250 $ par mois de mai à août. La prestation est aussi offerte à ceux qui ont un emploi rémunéré moins de 1 000 $ par mois. Ce programme fédéral s’ajoute aux aides provinciales. Le gouvernement de l’Île offre notamment un programme de soutien financier doté de 95 000 $ aux étudiants qui pourraient avoir des difficultés à trouver du travail à cause de la COVID-19.
*Son prénom a été changé.