Karine Gallant a dirigé le regroupement jeunesse de l’Île-du-Prince-Édouard pendant plusieurs années. C’est sous son leadership que le «Par et Pour» les jeunes a réellement pris son envol.
«Le leadership, pour moi, c’est la capacité d’une personne à utiliser ce qu’elle a en elle pour avoir une influence sur son entourage. Grande influence? Petite influence? Ce n’est pas très important. J’ai vu des jeunes qui étaient très à l’aise de prendre la parole et de s’exprimer à haute voix, et j’ai vu des jeunes qui préféraient rester discrets et réfléchir. Je pense que je n’ai jamais vu de jeunes qui se contentaient de suivre sans se poser de questions. Mais j’ai vu des jeunes qui n’étaient pas prêts, qui n’avaient pas trouvé», dit Karine Gallant.
Elle-même a grandi dans une famille passablement impliquée dans sa communauté. Pourtant, la jeune fille qu’elle était ne se voyait pas comme un leader. «Quand j’étais jeune, je voyais Jeunesse Acadienne comme trop publique, trop revendicatrice, trop visible. Je pensais que c’était ça le leadership et je trouvais que ça ne me ressemblait pas. Mais j’étais tout de même un leader à ma façon, sans même le savoir. Avec le recul, je m’en rends compte».
Dans son travail avec les jeunes, Karine les a aidés à trouver leurs intérêts et à prendre confiance dans ce qu’ils peuvent apporter à leur entourage. Pour elle, c’est un des rôles des adultes d’aider les jeunes à trouver leur style de leadership, en les intégrant, à la hauteur de leurs intérêts et de leurs compétences, dans des processus décisionnels.
À ce sujet, elle cite l’échelle de Roger Hart, qui classe sur huit «échelons» la progression vers la pleine participation des jeunes, qu’on décrit comme le «Par et Pour» les jeunes.
Dans un document qu’elle a développé lors de son passage à Jeunesse Acadienne, et qu’on peut encore trouver sur le site Web de l’organisme (maintenant JAFLIPE), elle énumère les échelons de Hart, qui vont de la «manipulation» et la «décoration», où les jeunes n’ont rien à dire, jusqu’aux échelons supérieurs où ils participent pleinement.
À ces niveaux, les projets sont initiés par des jeunes et les décisions sont prises en accord avec des adultes. Les adultes sont présents pour valider les décisions des jeunes et les aider et les appuyer dans leurs démarches.
La présence seule ne suffit pas
La simple présence de jeunes autour d’une table ou à un évènement ne permet pas d’assurer que les activités soient exécutées dans l’esprit du «Par et Pour» les jeunes et qu’ils en retiennent quoi que ce soit, sauf une impression d’être de trop.
Plus on monte dans l’échelle, plus on remarque un niveau élevé de participation et de compréhension des enjeux pour les jeunes.
Ainsi, au-delà d’une volonté certaine d’impliquer les jeunes dans nos projets, il faut d’abord prendre conscience de ce que la participation jeunesse implique en réalité et des différents moyens de la favoriser.
Pour Karine Gallant, le développement du jeune en un citoyen engagé, une personne d’affaires ou de carrière, passe par des occasions qu’on lui fournit de découvrir, d’apprivoiser et de tester l’influence qu’il peut avoir sur son entourage.
«Je crois qu’une personne qui se connaît bien sait de quelle manière elle peut influencer et dans quel domaine. Elle donne l’exemple. Elle est précieuse dans sa carrière, dans son milieu de travail, dans ses groupes sociaux, peu importe ses domaines d’intérêt», dit Karine Gallant qui applique ces valeurs dans sa famille et dans ses emplois et les projets communautaires auxquels elle croit.
Actuellement avec la CIF et le projet Bienvenue Évangéline, Karine Gallant explore avec son équipe la possibilité d’avoir un réseau de bons voisins : des individus proactifs, des leaders sociaux-communautaires et tous d’anciens jeunes qui ont, à un moment donné, découvert qu’ils avaient de l’influence sur leur entourage et qui ont encore envie de contribuer aujourd’hui.
Le projet de Bienvenue Évangéline est une expression du «Par et Pour» : Par tous, pour tous, peu importe l’âge.
- Jacinthe Laforest