9 mai 2023
Soleils Farm1
Marie-Soleil Hutchinson et son employé Maurice Burgoyne qui a soumis un dossier étoffé pour sa candidature.  

Marie-Soleil Hutchinson a été très surprise d’apprendre qu’elle remportait le prix d’employeure agricole de l’année de la Fédération de l’agriculture de l’Î.-P.-É. «Je ne savais pas qu’un employé avait soumis ma candidature», dit-elle, «et ce prix m’a touchée plus que tout autre prix. Être appréciée de ses employé.e.s, c’est très important pour moi.» 

Elle se dit honorée d’avoir reçu ce prix et souhaite que ça l’aidera à agrandir sa distribution sur un plus grand territoire à l’Î.-P.-É. En 2021, elle gagnait le Prix de femme en agriculture de l’Institut féminin de l’ÎPÉ.  

Dans le dossier étoffé que son employé Maurice Burgoyne a préparé pour l’inscrire, il a tenu à souligner les qualités d’écoute, de dirigeante, de fierté, de communication, de collaboration et de recherche d’idées innovantes de Marie-Soleil.

«Elle est l’employeure la plus compatissante, ouverte d’esprit et collaboratrice que j’aie jamais eue», écrit celui qui en est à sa troisième saison à la ferme. «Elle nous fait sentir que notre épanouissement est un pilier essentiel du succès de la ferme. Elle est ouverte à nos critiques et accepte également avec enthousiasme notre vision de la ferme.» 

Sa candidature était aussi appuyée par PEI Certified Organic Producers Cooperative.   

Ce prix vient récompenser près d’une quinzaine d’années à tenter de faire sa niche un peu partout dans les épiceries et les restaurants de la province avec ses produits entièrement biologiques.

Marie-Soleil ne fait pas que cultiver de bons légumes à sa ferme biologique Soleil’s Farm. «J’ai toujours cherché à cultiver un bon esprit d’équipe et la collaboration à la ferme», dit-elle. «Je pense beaucoup à organiser la ferme pour que les employés aient du bon temps et s’ils sont heureux, ça rend mon travail plus facile. Ça fait 15 ans que j’ai des employés et c’est bon pour moi s’ils sont contents; ils le disent à leurs amis qui deviennent parfois des employés.  À la ferme, ils peuvent apprendre toutes les différentes tâches qu’il y a à faire et qui changent avec les saisons.»

Elle se prépare pour le 1er mai afin que tout soit nettoyé et prêt à accueillir les employés qui débuteront. Elle a six employés en plus d’elle et la majorité travaille de mai à octobre; quelques-uns de mars à décembre.  Mais c’est un travail saisonnier qui est taxant et elle est bien heureuse de prendre congé en janvier et février afin de refaire le plein d’énergie. 

«La rétention des employés n’est pas facile sur une ferme», de poursuivre Marie- Soleil.  «Tu ne peux pas donner du travail à l’année, alors ils restent un an ou deux et il faut toujours investir du temps dans la formation.» Elle ajoute que la majorité des gens qui postulent pour un emploi sont des femmes, peut-être à cause de la nature du travail de la ferme qui est plus manuel. 

«Je veux aussi cultiver une atmosphère de travail pour garder mes employés pendant plusieurs années», ajoute-t-elle.  Contrairement à de nombreuses fermes qui font appel à des travailleurs étrangers, Soleil’s Farm mise sur la main-d’œuvre locale. On veut faire quelque chose de différent, en offrant de bons salaires pour construire une entreprise locale qui embauche localement avec des produits 100 % biologiques.

«On travaille dur sur une ferme, dans des conditions parfois difficiles», poursuit-elle. «Les gens ont tendance à penser qu’être fermière, c’est un choix de style de vie, mais non c’est un travail. Il faut être plus qu’une fermière, car on a aussi d’autres intérêts.» 

Pour elle, les gens qui travaillent comme fermiers ou pêcheurs ne sont pas reconnus, parce qu’on dit qu’ils choisissent de le faire, alors qu’ils font ce travail parce que c’est une passion. Elle pense qu’il faudrait un salaire de base afin de ne pas être stressé pour l’argent et l’énergie servirait à diriger une bonne entreprise.

Quand je reçois du courrier du ministère de l’Agriculture», ajoute-t-elle, «il y a toujours un message sur l’enveloppe avec l’information pour la ligne d’aide si on se sent déprimé. Ça ne nous aide pas ça, ce serait une mesure de dernier recours. On devrait s’interroger à savoir pourquoi on est stressé et déprimé. Si on a des difficultés à payer nos factures? Et qu’est-ce que la province pourrait faire pour aider?»

Elle ajoute qu’on a besoin de fermes à l’Î.-P.-É, mais le futur n’est pas brillant pour les fermiers. Certains voudraient continuer, mais n’en peuvent plus. Après Fiona, certains qui pensaient arrêter l’ont fait. Et les jeunes trouvent que c’est trop difficile de partir une ferme. La moyenne d’âge est de 56 ans et la plupart découragent leurs enfants d’aller dans ce secteur.   Le taux de suicide augmente chez les fermiers, un des métiers où il est le plus élevé.  

Selon Marie-Soleil, le système de l’agriculture est basé sur l’inégalité. «Si les gens nous félicitent de le faire et savent que c’est un secteur difficile», dit-lle, «ils ne connaissent pas nécessairement tout le travail que ça comprend. C’est complexe, car ils n’apprécient pas vraiment d’où vient la nourriture qu’ils consomment et ne veulent pas payer trop cher, ce que ça vaut vraiment. Et ça va continuer comme ça.»

«Nous ne sommes pas payés à notre valeur et notre travail n’est pas vu comme étant honorable. Même mes amies savent que le travail de fermière est difficile, mais ne me considèrent pas à la hauteur d’une autre profession. Il faut créer une société où les fermiers seront reconnus et bien payés, car c’est un métier qu’on veut faire par passion», conclut-elle.

- Claire Lanteigne

Soleils Farm2
La ferme biologique Soleil’s Farm est située à South Melville, dans le comté de Queens.

Processed with VSCO with u3 preset
Les premières pousses de laitue et d’épinard grandissent dans l’une des six serres de l’entreprise, avec une première récolte prévue pour mai.

La Voie de l’emploi en images

VE CodyClintonvideogames
Cody Clinton video games
VE connection2employment
Connection 2 employment
VE damedeetsy
Dame de Etsy