Novembre 2021
Jillian Kilfoil est directrice générale de Women’s Network PEI. (Photo : Gracieuseté)
Depuis douze ans, l’organisation féministe Women’s Network PEI, mène le programme Trade HERizons pour inciter les femmes de l’Île-du-Prince-Édouard à se tourner vers des métiers scientifiques et techniques, encore trop peu féminisés. Des blocages culturels entretiennent la désaffection des filles pour ses filières.
Comment attirer davantage de femmes vers les professions scientifiques et techniques? Comment les inciter à s’y intéresser? C’est précisément l’objet du programme Trade HERizons, lancé il y a douze ans par l’organisme féministe Women’s Network PEI en partenariat avec la province. Chaque année, des femmes au chômage ou des travailleuses précaires, âgées de 22 à 45 ans, découvrent des métiers techniques et scientifiques où elles sont traditionnellement sous-représentées.
«Il y a de nombreuses opportunités à la clé, ce sont des professions où la pénurie de main-d’œuvre est criante et les salaires sont élevés», observe Jillian Kilfoil, directrice générale de Women’s Network PEI. Et d’ajouter: «Les participantes n’ont pas besoin d’avoir de l’expérience ou des connaissances spécifiques, elles doivent juste se montrer intéressées et prêtes à changer de carrière».
«Entendre des femmes parler de leur métier crée des vocations»
Pendant trois mois, les participantes visitent des locaux d’entreprises, en apprennent plus sur les programmes d’étude du Collège Holland, rencontrent des employeurs et des femmes qui travaillent déjà dans des secteurs techniques et scientifiques. «Entendre des personnes qui nous ressemblent parler de leur métier crée des vocations», assure Jillian Kilfoil. L’objectif est clair : inciter les femmes à se lancer dans ces domaines, en reprenant leurs études au Collège Holland ou en trouvant directement un emploi.
«À cause des normes de genre et des stéréotypes, les filles ne sont pas exposées aux sciences et à l’ingénierie de la même façon que les garçons», regrette Jillian Kilfoil. Pourtant, dans les écoles primaires ou secondaires, leurs résultats scolaires sont aussi bons sinon meilleurs que ceux des garçons, en mathématiques notamment. «Et l’on sait maintenant que le cerveau des petites filles est tout aussi apte aux sciences que celui de leurs frères», poursuit la responsable.
Clichés intériorisés
La désaffection des filles pour les sciences a des causes multiples qui se succèdent à tous les âges de leur vie. Clichés intériorisés, mauvaise orientation, méconnaissance des filières, comportement inconsciemment sexiste des enseignants, des parents ou des dirigeants. Une étude approfondie des enquêtes Pisa (Programme international pour le suivi des acquis) montre clairement les phénomènes d’autocensure et les complexes d’infériorité chez les filles.
À l’île, le programme semble avoir eu un impact positif. Depuis sa mise en place, selon un sondage, mené en 2018 par Women’s Network PEI, le nombre de femmes inscrites dans des cursus techniques et scientifiques au Collège Holland a triplé.
La prochaine session de Trade HERizons aura lieu à Charlottetown de mi-janvier à mi-avril 2022. Douze à quinze femmes pourront y prendre part gratuitement. Des aides financières sont même prévues afin de dédommager celles qui auraient d’éventuels coûts de transport et de services de garde. Une dizaine de personnes ont déjà postulé, et les inscriptions sont toujours en cours. À l’avenir, Women’s Network PEI, aimerait également développer une version française du programme.
- Marine Ernoult - IJL – Réseau.Presse